Vous m'auriez posé cette question il y a 10 ans et j'aurais répondu "oui". Maintenant, je n'en suis plus si certain. Vivre éternellement contient son lot de positif et de négatif. Par soif de connaissance, l'idée me plaît beaucoup. Par contre, pour continuer de vieillir, perdre des capacités et voir tous les gens que j'aime mourir avant moi, l'idée ne m'intéresse plus.
Lorsque le sujet de l'aide médicale à mourir est revenu dans les nouvelles la semaine dernière, je me suis mis à y songer. Selon la loi, il faut être parfaitement lucide au moment où l'on décide que c'est fini. Cependant, mon point de vue sur le sujet n'a jamais changé. Tant que je suis lucide, je vais continuer à me battre. Mais aussitôt que ma tête est affectée d'une quelconque manière, je déclare forfait.
Suite à cette question, je considère qu'il y à deux façons de vivre sa vie. Premièrement, il y a la façon prudente et conservatrice où on se serre la ceinture et on économise pour nos vieux jours. Deuxièmement, en profiter chaque jour et vivre au maximum pendant que la vie nous le permet. Bien que mon père m'a appris à vivre selon la première façon, je me souviens qu'il m'ait déjà dit: "J'espère que tu ne feras pas comme moi et que tu pourras profiter de ton argent pendant que tu es en santé." Je ne peux pas certifier que ce sont ces paroles exactes, mais du moins, c'est ce que j'en ai retenu.
Récemment, je me suis enfin donné la permission de profiter de mon argent. Sans pour autant dépenser au delà de mes moyens, disons que je vis plutôt dans le moment présent au lieu d'économiser pour mes vieux jours incertains. Bref, à ma mort je n'aurai aucune dette que mon assurance vie ne saura rembourser. Je n'aurai peut être pas d'héritage monétaire à léguer, mais ma maison sera payée et remplie de gadgets électroniques.
J'aurais aimé avoir des enfants. J'ai 35 ans, on m'a dit que j'ai encore le temps d'en avoir. Un médecin m'a déjà dit de ne pas en avoir pour ne pas risquer d'avoir un enfant handicapé. Je comprends la crainte de propager le gène de ma maladie, mais j'aurais bien aimé enseigner des leçons de vie à mes enfants. J'adore les enfants et j'ai la chance d'avoir des gens dans mon entourage qui en ont. Il n'y a rien de plus beau que de voir l'émerveillement dans les yeux d'un enfant qui fait de nouvelles découvertes. Je trouverai toujours fascinant d'entendre leur façon de voir la vie.
Tout cela pour dire que j'aime bien la vie et que j'espère en profiter pleinement encore longtemps. Pouvoir enseigner ma façon de vivre à d'autres me rendrait encore plus heureux.